09 avril 2012

[sondages] Croisement(s) de courbes 

Les sondeurs se risquent rarement à faire des enquêtes le week-end. Et encore moins les week-end de trois jours, au cours desquels les sondés potentiels ont une fâcheuse tendance à déserter leur domicile. Raison pour laquelle, sauf livraison surprise d'une enquête BVA pour Orange/RTL ce lundi, la trêve pascale est une période idéale pour faire un point sur les sondages, à tête reposée et à deux semaines du premier tour.

Douze sondages ont été publiés depuis ma dernière note. Une fois passés à la double moulinette d'Excel et de Loess, les nouveaux points permettent de prolonger les courbes de tendance et d'affiner le diagnostic.




Le premier enseignement, qui ne surprendra pas même les fidèles de l'Hebdo des socialistes, est que le croisement des courbes entre François Hollande et Nicolas Sarkozy a bien eu lieu. Aux alentours du 20 mars, si l'on se fie à la tendance (cf. graphique ci-dessous). C'est-à-dire au moment de l'affaire Merah, mais sans que cet événement ait semblé modifier la dynamique en faveur de Nicolas Sarkozy perceptible depuis le début mars. Il reste que l'écart entre Hollande et Sarkozy est encore faible à ce stade (entre 1 et 2 points, d'après mes calculs). Rien qui ne puisse être remis en cause par une semaine de campagne électorale. A fortiori par deux.




Le deuxième fait saillant est la progression de Jean-Luc Mélenchon. Progression qui s'observe de façon quasiment continue depuis le début de l'année mais s'est brusquement accélérée un peu avant la mi-mars, comme le montre le graphique ci-dessous. C'est-à-dire pile au moment où Mélenchon a reçu le soutien de Didier Porte. Depuis, Mélenchon a clairement doublé Bayrou, dont le soufflé sondagier commence à furieusement ressembler à celui qu'il avait déjà connu en 2007. Les espoirs crédibles de second tour en moins.




Les positions relatives de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen sont moins claires. La dynamique est clairement du côté du candidat du Front de gauche, mais les sondages récents sont contradictoires concernant son accession à la 3e place. Sur les 6 enquêtes réalisées depuis la fin de semaine dernière, 3 voient ainsi Mélenchon devant et 3 autres placent Marine Le Pen en tête.



Comme pour le duel Hollande-Sarkozy, on retrouve des écarts assez nets en fonction de la méthodologie des sondages : Mélechon est plus haut que la moyenne, et Le Pen plus basse, dans les enquêtes réalisées par téléphone depuis le début de l'année 2012. L'inverse est vraie pour les sondages effectués par Internet.



Hors la piste d'un simple artefact statistique, je n'ai toujours pas d'explication convaincante au phénomène. Et l'analyse des données de 2007 n'est pas d'un grand secours, dans la mesure où toutes les enquêtes étaient réalisées par téléphone il y a 5 ans. Le retour sur la présidentielle précédente n'est cependant pas inutile. Ne serait-ce que pour vérifier que ma méthode a un intérêt réel. Ce sera l'objet de la prochaine note.